LIGUE 1 - Avec l’arrivée imminente du groupe GACP à Bordeaux, un nouvel investisseur venu des États-Unis arrive en France. Si les Américains, et les étrangers en général, sont aussi attirés par la L1, c’est parce que celle-ci dispose de solides arguments, entre hausse des droits TV et concurrence moindre à l’achat.

Au tour de Bordeaux de prendre l’accent américain. Le groupe M6, qui avait acquis le club en 1999, a annoncé fin juillet l’existence de “négociations exclusives” pour la cession des Girondins au fonds d’investissement General Americans Capital Partners (GACP). Un investisseur états-unien de plus arrive donc en France, après ceux de l’OM et de Nice. Ils viennent s’ajouter aux propriétaires venus du Qatar (PSG), de Chine (Sochaux, OL), ou de Russie (Monaco). La L1, nouvel eldorado des investisseurs du foot ? Entre hausse des droits TV, concurrence moindre ou intérêts locaux, le championnat de France ne manque en tout cas pas d’arguments.

Parmi tous ces investisseurs, difficile de constater l’existence d’une stratégie unique. "Les ambitions des investisseurs étrangers arrivant en Ligue 1 sont assez hétérogènes, explique Bastien Drut, économiste et auteur du livre Mercato : l'économie du football au 21eme siècle. Dans le cas de Bordeaux, il s'agit d'un fonds d'investissement dont le modèle est d'acheter des entreprises, de les restructurer et de les revendre en faisant une plus-value." GACP a ainsi promis d’investir près de 80 millions par an lors des trois prochaines années, sans s’engager pour l’instant sur du (très) long terme.

Hausse des droits TV et clubs plus abordables

Si le championnat de France est attirant, c’est notamment parce qu’il offre plusieurs intérêts de poids. Le premier est évidemment la hausse des droits TV. Dès 2020, les clubs de Ligue 1 se répartiront plus d’un milliard d’euros par an, grâce au récent contrat signé par la LFP avec Mediapro. Le profit est alléchant, surtout pour un achat si modeste. Le prix des clubs français reste ainsi, pour le moment, très peu élevé, à l’exception évidemment du PSG. Valorisé à 100 millions d’euros, Bordeaux n’est forcément pas dans la même galaxie que le club de la capitale, estimé à plus d’un milliard d’euros. L’OM, lui, a été acheté par Frank McCourt il y a deux ans pour 45 millions d’euros.

Frank McCourt, le propriétaire de l'OM depuis 2016AFP

"Il y a une moindre concurrence à l’achat par rapport aux clubs anglais, espagnols ou italiens", ajoute Bastien Drut. Ce qui explique, forcément, que les prix s’envolent moins. D'autant qu'il est plus difficile pour ces holdings d'investir directement dans le sport nord-américain. EN restant dans le ballon rond, la valorisation des franchises de Major League Soccer, qui ne cessent d'augmenter. En 2017, Colombus, la moins chère, valait 112 millions d'euros, quand le LA Galaxy culminait à près de 275 millions. Même problème, en pire, dans les autres sports : une franchise NBA coûte, en moyenne, près d'1,75 milliard d'euros. En NFL, les prix dépassent aisément les 3 milliards d'euros.

D’où l’envie d’investir dans des clubs français, pour réaliser des profits dans le football… ou en dehors. "On ne peut pas non plus exclure que l'acquisition des Girondins soit motivée par le souhait de réaliser d'autres types d'affaires hors football dans la région du Bordelais, explique ainsi l’économiste. Détenir le club local peut faciliter les prises de contact avec les pouvoirs publics et les forces privées locales. C'est une façon de se créer une notoriété dans une région où l'on est inconnu."

Les États-Unis affluent

Reste à expliquer pourquoi les investisseurs venus des États-Unis se font de plus en plus nombreux. Outre l’OM, Nice (détenu par un consortium sino-américain depuis 2016), et prochainement Bordeaux, le club du Havre, en Ligue 2, a un président américain, Vincent Volpe, depuis 2015. Saint-Etienne a également failli être racheté cet été par le fonds d’investissement Peak6, avant que les négociations ne capotent dans les derniers instants.

Alors que la Coupe du monde 2026 revient aux États-Unis et que la Major League Soccer se popularise, les holdings américaines semblent tabler sur le développement du football en Amérique du nord. Bastien Drut nuance néanmoins ce constat : "Les clubs achetés ne recrutent pas de joueurs américains, et ne tissent aucun lien particulier avec la MLS." Pour l’instant, en tout cas. L’OM avait ainsi réfléchi à effectuer sa tournée de présaison 2017 aux États-Unis. Sans que cela se concrétise.

Nicolas de Tavernost - 2017Getty Images